Iguski Sautonne le chamboule-tout !

Incroyable dénouement dans le Prix de l'Atlantique (Gr.1) ce samedi à Enghien. Alors que l'épreuve a vu tour à tour les principaux protagonistes attendus prendre leurs responsabilités avec le favori Go On Boy mis en orbite pour s'imposer dans le dernier tournant, c'est une flèche venue de derrière qui a éclipsé tout le monde. Ce vainqueur a pour nom Iguski Sautonne. Le concurrent le moins argenté et titré de l'épreuve a détricoté l'essentiel de la logique sportive mais a aussi démontré que, sur la piste, rien n'est écrit et acquis par avance. Ce succès propulse aussi au zénith Matthieu Abrivard et son équipe. Le professionnel ligérien a été l'homme du jour avec trois victoires comme pilote.

Imparable. Personne ne l'a vu venir tant il a été discret durant tout le parcours derrière un dos rêvé pour son pilote Matthieu Abrivard, celui de Emeraude de Bais (Repeat Love). Mais quand Iguski Sautonne (Village Mystic) a accéléré, la course est entrée dans un autre monde : celui du seul et unique futur vainqueur. Le trotteur noir (pangaré) a accéléré dans le final pour passer en revue un pool de sept vainqueurs de Groupe 1 (East Asia a été écartée de cette liste car elle avait été disqualifiée plus tôt), cantonnés aux rôles de spectateurs. En bouclant ses derniers 500 mètres dans la réduction kilométrique stratosphérique d'1'06'''4, il a laissé sans voix la dernière cible à atteindre, Go On Boy (Password), pourtant parti un moment pour la gloire.

La proximité entre les "bons" et les "très bons"
Iguski Sautone ne comptait à ce jour que deux succès dans la catégorie Groupe 3, sans n'avoir jamais tenté sa chance au niveau supérieur de Gr.1. Son premier essai est un coup de maître et fait dire à Matthieu Abrivard : "Cela a toujours été un bon cheval. Il était le petit poucet de l’épreuve mais il fallait tenter. Je savais qu’il n’allait pas finir à la rue. Il adore les pistes et les parcours réduits. Il a de la classe et je sais qu’il n’y a pas beaucoup d’écart entre sa catégorie et les très bons."

La grande actualité de Village Mystic

Elevé par l'écurie Sautonne, ce fils de Village Mystic est le septième produit de Sara Sautonne (1 course, 1 victoire), laquelle compte trois autres vainqueurs plus âgés dont la bonne Haïda Sautonne (13 vict. et 264.060 €) et Fiko Sautonne (8 vict. et 114.485 €). Dans le croisement de ce poulain, on retrouve un inbreeding 5x4 sur Fakir du Vivier. Iguski Sautonne est le quatrième vainqueur de Gr.1 de Village Mystic en France. Son actualité a été riche ces derniers mois avec Lovino Bello et Working Class Hero.

Un cas à part au palmarès
Si le fait d'afficher à ce stade le Prix de l'Atlantique comme seul Groupe 1 de son palmarès n'a rien d'exceptionnel, le cas de figure présenté par Iguski Sautonne est néanmoins à part. Nouba du Saptel (Canada) et Looking Superb (Orlando Vici) se sont retirés de la compétition avec l'Atlantique comme seul Groupe 1 à leur actif. Mais, contrairement au vainqueur du jour, ces deux ressortissants du palmarès revendiquaient à l'époque de leur succès déjà de nombreuses références au plus haut niveau. Les deux avaient d'ailleurs, quelques mois avant leur titre d'Enghien, conclu deuxième du Prix d'Amérique Legend Race. C'était en 2009 pour Nouba du Saptel et 2019 pour Looking Superb.

Le premier Groupe 1 attelé de Matthieu Abrivard
Cette victoire est synonyme pour Matthieu Abrivard, associé à son équipe qui intègre son père Loïc, d'un premier Groupe 1 à l'attelé comme entraîneur. Son palmarès s'ornait à ce jour de deux titres de Groupe 1 au monté, grâce à Bellissima France (Blue Dream), gagnante des Prix de Normandie (Gr.1) 2016 et de Cornulier (Gr.1) 2017. À l'attelé, Aldo des Champs (Prince d'Espace) lui avait apporté une deuxième place dans le Prix Albert Viel (Gr.1) 2013.

■ Romain Derieux (Go On Boy - 2ème) : "Il court très bien et je suis très content. Il s’est retrouvé nez au vent au moment, en face, où Etonnant a fait du train. Il s’est bien relancé à la fin. Il est battu mais ce n’est pas grave. Il est toujours un peu rond à cette époque de l’année. Je pense que je peux l’affiner un peu pour l’Elitloppet. Son grand objectif est dans cinq semaines et il y va directement."

■ Benoît Robin (Hussard du Landret - 4ème) : "Comme il n’avait que quinze jours avec sa précédente sortie, je ne l’ai pas trop travaillé et il m’a endormi en quelque sorte. Il avait beaucoup de gaz derrière la voiture mais ensuite elle est partie sans nous... Evidemment, il se relance comme d’habitude pour finir. Je constate qu’il ne soufflait pas. C’est un peu rageant."

■ Anthony Barrier (Etonnant - 6ème) : "Il court bien et s’est battu jusqu’à mi-ligne d’arrivée pour la troisième place mais a peiné dans les derniers mètres. On a eu la course qu’on voulait en lançant l'épreuve de loin en face. Ce n’est que sa troisième course après sa longue absence et peut-être avait-il encore besoin d’une vraie course ? On lui avait aussi mis un mors en cuir à la place de son mors en fer et il s’est montré plus difficilement gérable et un peu trop bouillant. Dans les Ducs de Normandie à Caen, il faudra peut-être le courir différemment."

■ Gabriele Gelormini (Hohneck - 8ème) : "S’il n’est pas dans la bagarre, il s’économise. Il a fini avec des ressources aujourd'hui. Pour jouer un rôle, il faut qu’il soit à la pointe, dans les trois premiers, même nez au vent. Je constate qu’il avait la souplesse et l’envie aujourd’hui mais n’a pas eu la course pour lui."

■ Eric Raffin (Hooker Berry). Disqualifié après enquête de la 3ème place, Hooker Berry a montré un regain de forme et fait dire à son pilote Eric Raffin (dans le cadre de leur première association) : "Il n’a rien lâché et, au courage, il est venu arracher la troisième place."