Kano, un espoir signé Cédric Mégissier
En l’espace de quatre jours, de vendredi à ce mardi, Cédric Mégissier a décroché trois succès avec sept partants. La belle série a aussi - et surtout - été lancée par la victoire de Kano dans le Prix Jean Gauvreau - Etrier 5 Ans Q2 (Gr.2) à Vincennes. C’est avec les différentes casquettes de coéleveur, copropriétaire et entraîneur que le professionnel a signé cette victoire de prestige. Rencontre.
Le succès de Kano dans le Prix Jean Gauvreau - Etrier 5 Ans Q2 (Gr.2), vendredi dernier à Vincennes, replonge son entraîneur Cédric Mégissier, dont il porte aussi les couleurs, dans l’ambiance classique qu’il a longuement fréquentée il y a une bonne dizaine d’années avec Uhlan du Val (Isléro de Bellouet), par ailleurs le père de Kano, puis avec Athéna de Vandel (Prince Gédé) et plus récemment avec Daelia de Vandel (Ready Cash) et Foxtrot Sea (Olitro). Le 5 ans a effectué des débuts victorieux sous la selle alors même qu’il n’avait jamais jusqu’alors fréquenté la catégorie Groupe à l’attelé. Préservé, le représentant de Cédric Mégissier et Patrick Cavey, réunis en qualités de coéleveurs et copropriétaires, avait (évidemment montré) de belles choses, s’imposant notamment avec style dans la Finale régionale de LeTROT Open des Régions Basse-Normandie à 4 ans, en novembre dernier. Cédric Mégissier nous parle de son espoir et des choix faits avec lui, à l’image de sa gestion d’écurie, portés par la patience.
Repères sur Cédric Mégissier
■ 43 ans
■ Installé à Champ Haut (Orne)
■ 312 victoires en France comme entraîneur, 254 comme driver
→ 1 victoire de Groupe 1 : Athéna de Vandel – Prix des Centaures 2016
→ 11 victoires de Groupe 2 : 7 avec Athéna de Vandel et 4 avec Uhlan du Val
■ Représentant le plus argenté : Uhlan du Val avec 1.062.710 €
■ 35 chevaux déclarés à l’entraînement (2 ans compris)
■ Débourre entre 10 et 15 chevaux par an
Kano, la force fluide
Kano, dont vous retrouverez l'étude de pedigree dans le prochain 24h le Mag, a son style à lui. C’est une force fluide doublée d’une tenue à toute épreuve. Lors de sa démonstration montée, il a mené comme il aime le faire, sans sembler forcer, se montrant capable de repartir à la fin sous les attaques sans que son jockey Guillaume Martin n’ait même besoin de le solliciter complètement.
L'interview
24h au trot.- Pourquoi avoir attendu aussi longtemps, le mois de mai de ses 5 ans, pour effectuer les débuts de Kano sous la selle ?
Cédric Mégissier.- Cela fait déjà un an que je pense au monté pour lui. Mais on a voulu prendre notre temps car c’est un cheval assez imposant. On ne voulait pas tout casser. Et en plus, l’an dernier, il avait déjà fait une très bonne saison à l’attelé. Il était inutile d’être trop gourmand.
Quelque chose relie-t-il Kano à son père Uhlan du Val, le meilleur cheval de votre carrière à ce jour ?
C.M.- Kano a énormément de similitudes avec
Uhlan, autant dans son physique que dans son caractère. Il possède un très, très bon mental.
Uhlan aurait pu aussi faire carrière au monté mais il allait tellement bien à l’attelage, où il courait le haut niveau, que je n’ai pas voulu le mettre au monté. On a toujours peur de dérégler ou de "casser" les bons chevaux. Il n’aura couru sous la selle qu’en toute fin de carrière.
Le timing semble parfait en vue du Prix de Normandie dont Kano s’annonce désormais comme un prétendant sérieux.
C.M.- C’est aussi pour cela que nous avons décidé de le débuter dans cette course (N.D.L.R. Prix Jean Gauvreau – Etrier 5 Ans Q2), à un mois et demi de l’objectif, le 22 juin. Si nous avions encore des réglages à faire, il nous restait du coup l’autre qualificative, le 30 mai, pour procéder aux ultimes modifications.
Cela doit être un immense plaisir de retrouver les saveurs d’une victoire de Groupe 2 même si vous n’avez jamais vraiment perdu vos connexions avec le haut niveau grâce à un cheval comme Foxtrot Sea ?
C.M.- Cela fait effectivement énormément plaisir. Et la saveur est décuplée par le fait que ce soit un fils d’
Uhlan et de
A Mery de Chahains que j’avais eu aussi sous ma responsabilité.
Racontez-nous l’histoire de Kano.
C.M.- J’ai acheté
A Mery de Chahains en vente publique, chez Arqana Trot, avec mon oncle Patrick Cavey à la fin de sa carrière de course
(N.D.L.R. : pour 10.000 €). La jument m’avait donné beaucoup de satisfaction lors de sa belle carrière de courses (7 victoires et 290.840 € de gains).
Kano est son premier produit. Par la suite et parmi ses plus jeunes produits, on a un propre frère âgé de 3 ans,
Maui. Il est qualifié, va bientôt débuter et devrait bien faire. Son 2 ans
Nahim (
Saxo de Vandel) va probablement aller aux qualifications au mois de juin et se présente bien. Elle nous a donné cette année sa première pouliche, une fille de
Gelati Cut (Coktail Jet).
Quel programme maintenant pour Kano ?
C.M.- Il va maintenant se présenter sous la selle jusqu’au Prix de Normandie – Etrier Finale 5 Ans et ensuite devrait alterner l’attelé et le monté. Je pense qu’il a les aptitudes d’un cheval de Groupe 1 monté. Il devrait continuer à progresser car c’est un élément encore assez immature dans le sens où il n’a pas énormément couru et qu’il a encore besoin de s’endurcir. Il me semble capable de rivaliser avec les meilleurs de sa génération. On lui a donné un petit truc en plus vendredi en le déferrant pour la première fois des postérieurs. Je garde une nouvelle marge avec le déferrage des quatre pieds pour le Prix de Normandie. Il va participer avant au Prix Victor Cavey.
Un clin d’œil à votre famille…
C.M.- Effectivement. Victor Cavey doit être l’arrière-grand-père de mon oncle Patrick Cavey, le frère de ma mère.
Est-ce que depuis votre épopée avec Uhlan du Val, en l’espace d’une bonne décennie ?
C.M.- J’ai l’impression qu’on travaille plus et plus fort nos chevaux aujourd’hui. Je ne pense pas que les méthodes de travail aient vraiment changé. On est restés sur les mêmes bases mais en intensifiant un peu plus. Mais, pour moi, le bon cheval restera toujours le bon cheval, quelle que soit l’époque.
© ScoopDygaCédric Mégissier